Pourquoi la liberté ?




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Pourquoi la liberté ?


 Liberté ! Que veut dire ce mot ? Qui aujourd'hui est capable d'en donner la définition, qui en a une idée claire ?
 Comme nous l'a dit Spinoza, la liberté ce n'est pas le libre arbitre. Choisissons-nous ce que nous voulons ? Cependant ce que nous faisons n'est pas pour autant déterminé par des forces obscures, un dieu ou un diable. Nous voulons donc nous agissons, nous pensons... par instinct ! Telle est ma conviction. Les lois de la nature qui nous gouvernent ce sont celles de nos instincts. C'est ce que je voudrais montrer par ces écrits. Mais loin de moi l'idée d'exposer une nouvelle science. Tout au plus un questionnement, une quête d’équilibre, une recherche par tâtonnements d’un savoir-être toujours provisoire. D’ailleurs, tout essai de se comprendre soi-même revient à faire une étude menée par ce que l’on recherche ; il se peut donc que nous ne puissions rien savoir de nous-mêmes sinon l’apparence que nous en donnent nos instincts. Il se peut même que nous ne soyons que cette apparence.
  L’ignorance de notre propre nature comme celle de tout être humain paraît irrémédiable comme si elle était une condition de la vie. De plus, vouloir se connaître serait se considérer comme une machine. Le pouvoir aboutirait, au mieux, à s’imposer une existence programmée que nous ne supporterions pas.
 Mais que nous reste-t-il de la liberté ?
 Nous n'avons que la possibilité de vivre selon nos instincts et cela s'exprime en nous sous la forme de désirs. De désirs ou de dégoûts d'ailleurs car ce sont deux aspects d'une même affection dont la distinction est propre à chacun de nous. Autrement dit ce qui est bon, ou utile, ou aimable pour moi ne l'est pas forcément pour vous et réciproquement. Nous sommes condamnés au désaccord et pourtant il nous faut nous supporter et parfois nous aimer et l'être, et reconnaître que les autres sont là, même ceux que nous ne voudrions pas, car sans eux nous ne serions souvent rien. En désespoir de cause nos luttes n’ont pas d'autres issues que la concession ou l'ermitage.
 Nous vivons avec l'immaîtrisable dans un équilibre toujours précaire et si nous nous fixons des lois c'est pour tenter de le garder.
 Mais pourquoi parler de liberté ?
 Et si ce n'était qu'un slogan pour se donner du courage à la guerre. Si ce n'était qu’une provocation face à un ennemi qu'il faut vaincre parce qu'il veut vous soumettre ou qu’il l’a déjà fait ; quoi d'anormal de la part d'un ennemi ! Si ce n'était que le réflexe unanime d'un peuple qui a peur. Si ce n'était qu'un concept né dans des esprits éthérés, devenu un argument pour des ignares frustrés. Si ce n'était que le symptôme d'un refus de la réalité, d'un repliement dans un imaginaire stérile ou de l’obsession d’un idéal. Ou un besoin de solitude. Ou une déformation moderne de l’égoïsme. Ou une façon de se convaincre qu'on a raison ou pire encore que la raison existe alors que l'on a que des raisons dont on n'est jamais sûr que ce soient les bonnes. Ou encore une tentation pour imposer des idéologies autrement injustifiables. Combien de motivations s'expriment avec une telle abstraction ? Combien d'instincts ?
 Liberté, ce n'est que l'expression d'une multitude de besoins, d'envies, de plaisirs perçus comme autant de nécessités à protéger.
 Vive la liberté ! Comprenez vive ce que je suis ! Ou plus précisément: que ce que je suis continue à vivre ! C'est un cri de notre volonté. Pour certains c'est un hymne, pour les autres une prière.



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