Une fausse identité


 Janvier 2015, après les tueries des millions de Français se sont regroupés sur les places, ont marché coude à coude sur les boulevards. Face au terrorisme ils ne manifestaient que leur envie de liberté et de fraternité. Pour affronter l’insupportable réalité ils avaient besoin de ces rêves. Ils étaient Charlie. 
 Il faudra se rappeler l’horreur et ses causes mais aussi ces heures où le sentiment national a réuni un peuple malgré sa diversité et ses divisions. Depuis, malgré d’autres tragédies, la vie a repris son ordinaire et avec elle la politique et ses oppositions et l’esprit de la nation s’est retiré du premier plan.
 Nous vivons encore une fois dans une période d’instabilité politique, à chaque élection le parti au pouvoir est battu par son opposition. Dans la compétition économique mondiale que nous subissons certains sont en quête de l’homme providentiel qui saura nous protéger. En cela ils reproduisent l’attitude de nos ancêtres qui se rangeaient derrière un chef de guerre capable de les mener à la victoire mais aujourd’hui de tels modèles sont obsolètes et il faudra même si cela nous parait utopique que nous inventions une autre façon de nous gouverner. En ce moment il ne s’agit pas de défendre un territoire mais de protéger nos activités contre les appétits démesurés d’une économie mondialisée.
 Les candidats au pouvoir sont-ils conscients de leurs limites ou sont-ils aveuglés par leurs ambitions ? Peu importe. Ils s’accrochent à de vieux nationalismes qu’ils tentent de mettre au goût du jour et pour cela certains trafiquent toujours des mots.
 Essayons de définir l’identité nationale. Ce serait car je ne vois pas d’autre hypothèse, ce que les membres d’une nation ont de commun et puisque c’est chez nous que la question se pose, ce qui caractérise un Français. J’ai cherché dans tous les domaines possibles : religion, culture, mœurs, histoire, héritage…, j’en ai peut-être oublié car je n’ai rien trouvé, hormis bien sûr qu’ils ont, en principe, la même langue et théoriquement les mêmes droits et les mêmes devoirs. Mais ces hommes politiques sont malins, ils ne disent pas quels sont les points communs de tous les Français mais ils affirment seulement qu’il y en a et laissent à chacun le soin de les découvrir. Le débat est ouvert, les intellectuels de tout bord sont en ébullition, c’est le chaos dans les médias et malgré toute cette agitation on ne saura jamais ce qui a été trouvé.
Tout le monde ou presque a compris que provoquer ce grotesque bavardage n’était qu’un stratagème pour s’attirer les suffrages des électeurs de l’extrême droite et autres nostalgiques du catholicisme blanc. Il fallait que les arabes, les noirs et les asiatiques et autres émigrés oublient leurs origines, leurs histoires, leurs cultures et masquent leurs religions pour être acceptables dans notre république. Il fallait leur imposer une fausse identité. Sans le dire ouvertement on a donc voulu restaurer les attributs d’une nation d’un autre temps, comme si la France n’avait jamais changé. Pire on a ressuscité un mythe, une France qui n’a même pas existé.




Commentaires