A ma Mémé !
7 A ma Mémé ! Le général est compris dans le particulier et pour comprendre un lieu ou une époque il n’est pas toujours nécessaire de faire de vastes enquêtes et s’abreuver de statistiques ; un seul exemple bien choisi peut suffire. Une page d’humanité dit souvent mieux qu‘une démonstration rigoureuse. Donc, je vais vous parler de ma Mémé, ma grand-mère paternelle. C’était une mémé d’autrefois, de celles qui ne craignaient pas d’afficher leur vieillesse. Veuve relativement jeune, elle n’avait jamais cessé de porter le deuil. Ses cheveux blancs elle les coiffait d’un chignon et elle ne sortait pas de chez elle sans les recouvrir d’un foulard. Elle était aussi ronde que gentille. Discrète, elle avait quand même son caractère et quand elle était contrariée on l’entendait bougonner de loin en patois. Elle vivait seule. Un à un ses trois enfants étaient partis, l’une, ma tante, dans les Charentes, un autre, mon oncle, à Paris, mon père s’était engagé dans la gendarmer